17 octobre: Journée Mondiale de Lutte contre la Pauvreté,
“ Les gens et surtout les plus faibles doivent être une priorité. Une société qui n’attend pas le plus faible ne peut pas avancer.”
Depuis plusieurs décennies, le 17 octobre, Journée mondiale pour lutte contre la pauvreté, des individus, des familles et des organisations se réunissent pour dénoncer l'injustice que représente la pauvreté. Cette année encore, nous nous faisons entendre, car malheureusement, dans un pays riche comme le nôtre, la pauvreté et l'exclusion sociale font encore partie de la réalité quotidienne de nombreuses personnes. Pas moins d'un tiers de notre société est pauvre ou appartient à la classe moyenne inférieure. Une personne sur six doit joindre les deux bouts avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté européen. Souvent, ces gens ne savent pas comment se débrouiller financièrement jusqu'à la fin du mois. Une vie dans la pauvreté signifie une vie dans laquelle vous ne pouvez pas faire valoir vos droits fondamentaux. Les personnes en situation de pauvreté ne peuvent, comme la plupart d'entre nous, bénéficier d'un logement de qualité, d'un emploi stable et bien rémunéré ou d'un congé annuel. Ils ont un accès limité à l'éducation, aux soins de santé, à la justice, etc. Par conséquent, les personnes en situation de pauvreté vivent en marge de notre société, sont incapables de participer suffisamment et se sentent exclues. Ils perdent confiance dans le système et dans les autres et, en fin de compte, en eux-mêmes et dans l'avenir.
La violation des droits de tant de personnes dans notre société est alarmante et appelle une action urgente. Mais aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté est loin d'être une priorité politique. Les politiciens se préoccupent surtout de combattre les symptômes au lieu de proposer des solutions structurelles. Nous avons également constaté ces dernières années que les droits, au lieu de devenir plus accessibles, sont de plus en plus soumis à des conditions strictes. Les scientifiques ont constaté que le niveau de protection de la sécurité sociale pour la population en âge de travailler a considérablement diminué depuis 2005 . Le manque de volonté politique et les restrictions considérables imposées aux droits sociaux ont fait que, malgré un climat économique favorable, cette année encore, nous comptons davantage de personnes en situation de pauvreté. Cependant, les solutions pour lutter efficacement contre la pauvreté sont connues.
“ J’ai vu les choses se détériorer. Pour de plus en plus de gens les fins de mois ne sont plus possibles. Le nombre de colis augmente de manière exponentielle, ainsi que le nombre d’aides à l’énergie, à la santé, à la culture. Mais c’est comme mettre un sparadrap sur une momie, ça ne sert à rien. Si on avait des revenus décents, toutes ces aides ne seraient pas ou plus nécessaires. Si on pouvait arrêter de courir après les moyens de survivre et mettre cette énergie à résoudre les problèmes plutôt qu’en gérer les conséquences, tout le monde s’en sortirait.”
Augmenter les revenus minimums au-dessus du seuil de pauvreté européen est le meilleur moyen de sortir efficacement les gens de la pauvreté. Si les gens peuvent compter sur un revenu suffisant, cela leur permettra de stabiliser leur situation. Ce n'est que lorsqu'une personne n'a plus à mettre toute son énergie à survivre chaque jour qu'elle peut prendre des mesures pour échapper à la pauvreté de façon durable. On accorde trop d'importance à l''autonomisation. En fin de compte, c'est la faute des pauvres. Cependant, tant qu'ils n'auront pas un revenu digne, ils ne pourront jamais mener une vie saine, ni habiter dans une maison saine. Et leurs enfants aussi continueront à vivre dans l'inégalité. Ils se verront refuser une éducation solide, adaptée à leurs talents indéniables. Un cercle vicieux.
Un revenu digne est un droit fondamental qui doit être effectivement réalisé dans un État de droit démocratique. Investir dans la pauvreté n'est pas gratuit, bien sûr, mais cela rapporte ! Moins de personnes en situation de pauvreté, c'est aussi des économies importantes en matière de soins de santé, d'assistance, de sécurité sociale,... En outre, les groupes à faible revenu consacrent une grande partie de leurs revenus aux biens de consommation. L'augmentation des allocations constitue donc une injection directe dans l'économie.
Les gouvernements Di Rupo et Michel avaient tous deux inscrit l'augmentation des revenus les plus faibles dans l'accord gouvernemental fédéral. Toutefois, nous devons conclure que très peu de choses se sont produites ces dernières années et que, pour de nombreux revenus minimums, le seuil de pauvreté européen est encore loin d'être atteint. En ce 17 octobre, nous tenons donc à rappeler à tous les responsables politiques qu'il est de leur devoir d'assurer le bien-être de l'ensemble de la population. Le droit à une vie digne ne doit pas rester lettre morte, mais doit enfin être mis en pratique.